Kehinde Wiley, le parfait mélange entre Classique et Hip-Hop

Kehinde Wiley est un talent. Ce peintre afro-américain de 40 ans est certainement le plus politiquement pertinent de sa génération. Ses peintures ont fait le tour du monde, et pour cause : sa technique est digne des plus grands peintres classiques.

Plus que de la peinture sur toile, ses oeuvres, d’un réalisme saisissant, sont également politiquement engagées. Sensible à son talent, le Brooklyn Museum lui consacre actuellement une rétrospective intitulée New Republic. L’une de ses oeuvres était également présente à l’expo Hip-Hop à l’Institut du Monde Arabe.

portrait-Kehinde Wiley

Les oeuvres de Kehinde Wiley sont très singulières : elles mêlent le style classique à l’urbain. Comment ? En intégrant des inconnus, en tenue casual, dans un univers du XVIIIe siècle. Son objectif : sublimer ces personnes souvent cantonnées l’univers « ghetto » en utilisant l’histoire de l’art.

Ses modèles sont des personnes ordinaires, repérées dans les rues de New-York, le plus souvent afro-américains. Le modèle choisit ensuite lui-même sa pose : plutôt Louis XVI, Napoléon ou Saints, selon le message à faire passer.

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À gauche, Kehinde Wiley, Judith and Holofernes, 2012, oil on linen, 120 x 90 inches © Kehinde Wiley. À droite, Lucas Cranach (l’Ancien), Judith avec la tête de Holopherne, 1530, peinture à l’huile sur bois

À gauche, Kehinde Wiley, Judith and Holofernes, 2012, oil on linen, 120 x 90 inches © Kehinde Wiley. À droite, Lucas Cranach (l’Ancien), Judith avec la tête de Holopherne, 1530, peinture à l’huile sur bois

Le résultat ne peut qu’impressionner : premièrement par le mélange des « genres », et ensuite par le réalisme des peintures.

Kehinde Wiley est un artiste engagé. En 2006, il se lance dans un nouveau projet : The World Stage. Il sort alors d’Harlem et parcourt le monde, de l’Amérique latine à l’Asie, en passant par l’Afrique. Il propose aux habitants de choisir leur pose parmi un catalogue de peintures classiques, et de poser.

Pour Kehinde, ce projet a une dimension sociale, économique et politique.

Pour sa nouvelle rétrospective, A New Republic, l’engagement est encore plus fort. Le message que l’artiste veut faire passer est simple : chacun a le droit d’apparaitre sur la scène publique dans la mise en scène qu’il désire. On comprend alors que les oeuvres de l’artiste sont réalisées sur fond de crise sociale : il représente des populations, souvent perçues comme dominées, en position de force.

À gauche, Kehinde Wiley, Penitent Mary Magdalen, 2009, oil on paper, 84 x 55 inches © Kehinde Wiley. À droite, Titien, Marie Madeleine repentante, 1531, 84 × 69 cm

À gauche, Kehinde Wiley, Penitent Mary Magdalen, 2009, oil on paper, 84 x 55 inches © Kehinde Wiley. À droite, Titien, Marie Madeleine repentante, 1531, 84 × 69 cm

Kehinde Wiley, The Chancellor Seguier on Horseback, 2005, oil and enamel on canvas, 108 x 72 inches © Kehinde Wiley

Kehinde Wiley, The Chancellor Seguier on Horseback, 2005, oil and enamel on canvas, 108 x 72 inches © Kehinde Wiley

Charles Le Brun, Le Chancelier Séguier, chancelier de France, 1660, huile sur toile, 295 x 357 cm

Charles Le Brun, Le Chancelier Séguier, chancelier de France, 1660, huile sur toile, 295 x 357 cm

À gauche, Kehinde Wiley, Le Roi à la chasse, 2006, oil on canvas, 96 x 72 inches © Kehinde Wiley. À droite, Antoine Van Dyck, Le Roi à la Chasse, 1635, 272 x 212 cm

À gauche, Kehinde Wiley, Le Roi à la chasse, 2006, oil on canvas, 96 x 72 inches © Kehinde Wiley. À droite, Antoine Van Dyck, Le Roi à la Chasse, 1635, 272 x 212 cm

A gauche, Napoleon I on His Imperial Throne, 1806, Oil on canvas (259 x 162 cm). A droite, Ice T, 2005, Oil on canvas (243.8 x 182.9cm)  © Kehinde Wiley.

A gauche, Napoleon I on His Imperial Throne, 1806, Oil on canvas (259 x 162 cm). A droite, Ice T, 2005, Oil on canvas (243.8 x 182.9cm) © Kehinde Wiley.