Rencontre avec Jana & JS : un duo artistique et amoureux

Jana & JS, un couple à la ville comme à l’atelier, réalisent leurs gigantesques pochoirs à travers le monde.

Leur travail est minutieux, leurs pochoirs sont poétiques, le duo est détonant. Artistes dans l’âme et aujourd’hui street artists à plein temps, rencontre avec Jana&JS, un duo artistique et amoureux.

« J’étais intrigué par le pourquoi des pochoirs, leur simplicité, et leur spontanéité »

Q: Depuis combien de temps faites-vous du street art ?

R: Je fais de pochoirs depuis 2004. J’ai découvert de street art lors d’un séjour à Madrid, en voyant des pochoirs dans la rue. J’étais intrigué par le pourquoi des pochoirs, leur simplicité, et leur spontanéité.

J’ai donc essayé d’en faire. Mes premiers pochoirs étaient très différents du travail actuel. Mais c’était agréable de faire les pochoirs la nuit, de se balader dans la ville le lendemain, et de découvrir ses pochoirs sur les murs.

Jana a un profil plus artistique à la base. Après notre collaboration, nos styles ont évolué. Le travail est très différente avec elle.

Jana&JS

Q: Pourquoi avoir choisi le street art plutôt qu’une autre forme d’art ?

R: Dans un premier temps, pour la simplicité et la spontanéité de cette forme d’art. Ensuite parce que lorsqu’on fait du street art, il ne faut pas juste réfléchir à l’œuvre en elle-même.

Il faut aussi réfléchir au lieu, anticiper l’émotion des personnes qui seront exposés, essayer de créer la surprise aussi.

 

« Nos pochoirs ne sont pas de belles peintures que nous avons interprété. Ce sont nos photos, nos souvenirs »

Q: Quelles sont les techniques que vous utilisez ?

R: Ce sont nos photos que l’on retravaille ensuite en pochoir. C’est très important pour nous de partir de la base de nos photos, et pas d’une banque d’image que l’on trouve sur internet. Nous ne voulons pas juste être des interprètes, mais des créateurs de nos images.

Les sujets de nos photos (et donc de nos pochoirs), sont des souvenirs : des gens que nous connaissons ou que nous avons rencontré, des lieux que nous avons visités.

Ce ne sont pas de belles peintures que nous avons interprété. Pour créer une émotion.

Q: Quels messages souhaitez-vous faire passer/ réactions / émotions souhaitez-vous susciter ?

R: C’est compliqué à dire. Nous nous orientons plus vers des émotions poétiques que revendicatrices. Je dirai que ce que nous voulons, c’est que les gens qui voient nos œuvres s’y retrouvent un peu, qu’ils trouvent un écho à leur propre vie.

Nos pochoirs sont aussi le reflet de nos vies, et on aime à penser que nos vies sont simples, comme celles de ceux qui regardent nos œuvres. On reçoit d’ailleurs pas mal de messages de personnes qui nous disent se reconnaître physiquement dans nos pochoirs (ce qui n’est pas possible, vu que ce sont nos photos à la base).

 

« Les murs de nos pochoirs doivent raconter une histoire »

Q: Comment choisissez-vous les lieux où vous faites vos pochoirs ?

R: Ca dépend. On choisit souvent au coup de cœur. Selon la texture du mur, l’environnement autour.

Le travail en atelier nous permet de travailler nos pochoirs en amont. Mais le repérage des lieux reste un moment essentiel. Par exemple, la présence d’une fenêtre peut tout changer.

Dans tous les cas, il y a une constante : le mur doit raconter une histoire. Nous préférons les murs anciens, vieillis par le temps. Mais ensuite, c’est au coup de cœur.

Ce qu’on veut aussi, c’est créer la surprise. Mais pour cela, le lieu joue beaucoup.

 

« A Paris, les murs sont saturés. Alors travailler sur d’autres supports, c’est aussi créer la surprise »

Aujourd’hui, je trouve que le street art a un peu perdu son côté inattendu et surprenant. Par exemple à Paris : les murs sont saturés. Les œuvres se retrouvent rapidement sur les réseaux sociaux. Certains vont directement dans la rue de l’œuvre qu’ils ont vu sur les réseaux pour prendre une photo.

Mais ils ne se baladent pas pour en découvrir.

Jana et moi, on aime créer la surprise. On essaye donc de travailler sur d’autres supports que des murs.

On vit en Allemagne, à la frontière de l’Autriche, et je peux vous dire qu’ici, la popularité du street art est loin de celle des grandes villes. Mais c’est intéressant ! 

En ce moment, on travaille pas mal sur les arbres et la pierre. Toujours dans le but de surprendre.

Par exemple, récemment, on a fait de petits pochoirs dans une forêt. C’es intéressant, parce que surprenant : qui s’attend à voir un pochoir sur un tronc d’arbre, en se baladant dans la forêt !

Nous avons eu des retours très positifs sur cette œuvre, qui s’est rapidement retrouvée sur les réseaux sociaux, elle aussi :)

 

Q: Du coup, à quel moment de la journée faites-vous vos pochoirs ?

R: Le repérage se fait toujours en journée. Nos grands pochoirs sont faits de façon légale, vu le matériel et la logistique nécessaire. 

 

Q: Vous avez également participé à de nombreux projets, comme la Galerie Maalakof à Paris, où le street art se retrouve un peu dans un musée. Vu que nous ne choisissez pas forcément l’endroit, comment choisissez-vous le pochoir que vous allez faire.

R: Ce qui était intéressant avec le projet de la Galerie Malakoff, c’est qu’on partait de zéro.

La galerie a été créée de toute pièce, dans un hangar. Nous ne savions pas vraiment à quoi ressemblaient les lieux avant d’être sur place. Mais ça nous a permis d’aller plus loin dans notre œuvre, en mettant en place des installations (bois).

Pour le projet Quai 36, c’était différent. On a eu des photos assez précises du quai, ce qui nous a permis de visualiser en amont l’image nous allions pouvoir faire.

 

Q : Avez-vous d’autres projets en tête ?

R: Pas mal de projets en 2018 : dans quelques semaines, on part à Madrid dans le cadre du Salon International d’Art Contemporain.

On va aussi participer au projet Landart. Et plein d’autres choses en perspectives !

 

Où trouver les œuvres de Jana&JS ? En vous baladant et en étant curieux !

Merci à JS d’avoir pris le temps de répondre à mes questions :)